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les mille nuits et une nuit

dit : « Ô mon enfant, je ne vois pourtant rien de tout cela avec toi ! Et tu n’as apporté pour tout bagage que ces deux sacs, dont l’un est vide ! » Il dit : « J’ai tout ce que tu veux, et de toutes les couleurs ! » Elle dit : « Ô Mon enfant, n’importe quoi fera l’affaire et calmera la faim ! » Il dit : « Tu dis vrai ! Dans la nécessité l’homme se contente de la moindre chose ! Mais lorsqu’il y a abondance de tout, on aime bien faire son choix et ne manger que les choses les plus délicates ! Or, j’ai avec moi une abondance de tout, et tu n’as qu’à faire ton choix ! » Elle dit : « Mon enfant, je désire alors une galette chaude et un morceau de fromage ! » Il répondit : « Ô ma mère, cela n’est point digne de ton rang ! » Elle dit : « Toi tu sais mieux que moi ce qui est convenable ! Tu n’as donc qu’à faire ce que tu juges convenable ! » Il dit : « Ô ma mère, moi je juge convenable et digne de ton rang un agneau rôti, et aussi les poulets rôtis et le riz assaisonné de piment ! Je juge également de ton rang les tripes farcies, les courges farcies, les moutons farcis, les côtes farcies, la kenafa préparée avec des amandes, du miel d’abeilles et du sucre, les bouchées soufflées farcies de pistaches et parfumées à l’ambre, et les losanges de baklaoua ! » En entendant ces paroles, la pauvre femme crut que son fils se moquait d’elle ou avait perdu la raison, et s’écria : « Youh ! Youh ! Que t’est-il arrivé, ô mon fils, ô Jouder ? Rêves-tu ou bien es-tu devenu fou ? » Il dit : « Et pourquoi donc ? » Elle répondit : « Mais parce que tu me cites là des espèces étonnantes et si chères et si difficiles à préparer qu’il serait bien malaisé de les avoir ! » Il dit : « Par ma vie ! il me faut absolu-