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histoire de jouder le pêcheur…
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au Moghrabin : car la mule était une gennia et le nègre un genni !

Lorsque Jouder eut fait rentrer sa mère dans la maison, il la fit s’asseoir sur la natte, et, comme il était bien péniblement affecté de l’avoir vue mendier sur la route, il lui dit : « Ô ma mère, mes frères sont-ils bien portants ? » Elle répondit : « Ils sont bien portants ! » Il demanda : « Pourquoi mendiais-tu sur la route ? » Elle répondit : « Ô mon fils, à cause de ma faim ! » Il dit : « Comment cela ? Je t’avais donné avant de partir cent dinars le premier jour, cent dinars le second jour, et mille dinars le jour de mon départ ! » Elle répondit : « Ô mon enfant, tes frères ont imaginé une ruse contre moi et ont réussi à me prendre tout cet argent, pour ensuite me chasser de la maison. Et moi je fus obligée, pour ne point mourir de faim, de mendier par les rues ! » Il dit : « Ô ma mère, tu n’as plus rien à souffrir, puisque je suis revenu et que je suis là ! N’aie donc plus aucun souci ! Voici un sac plein d’or et de joyaux ! Et le bien est en abondance dans la demeure ! » Elle répondit : « Ô mon enfant, toi tu es vraiment né béni et fortuné ! Qu’Allah t’accorde ses bonnes grâces et augmente ses bienfaits sur toi ! Va, mon fils, va nous chercher à tous deux un peu de pain pour manger, car je me suis couchée hier sans avoir pris aucune nourriture, et je suis encore à jeun ce matin ! » Et Jouder, à ce mot de pain, sourit et dit : « La bienvenue sur toi, ô ma mère, et la largesse ! Tu n’as qu’à me demander les mets que tu souhaites, et je te les donnerai à l’instant, sans avoir besoin d’aller les acheter au souk ou de les cuire à la cuisine ! » Elle