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les mille nuits et une nuit

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT SOIXANTE-SEIZIÈME NUIT

Elle dit :

« … Et maintenant je te fais mes adieux en Allah ! » Jouder répondit : « Qu’Allah augmente ta prospérité et tes bienfaits ! Je te remercie bien ! » Et il monta sur le dos de la mule, ayant les deux doubles sacs au dessous de lui, et il se mit en route, précédé du nègre.

Or, la mule se mit à suivre fidèlement le nègre conducteur, tout le long du jour et de la nuit ; et il ne lui fallut cette fois qu’un jour seulement pour effectuer le voyage du Maghreb au Caire ; car le lendemain matin, Jouder se vit devant les murs du Caire, et il entra dans sa ville natale par la Porte de la Victoire. Et il arriva à sa maison. Et il vit sa mère assise sur le seuil, la main tendue aux passants, qui demandait l’aumône en disant : « Quelque chose, pour Allah ! »

À cette vue, la raison de Jouder s’envola, et il descendit de la mule et s’élança, les bras ouverts, vers sa mère qui, en le voyant, se mit à pleurer. Et il l’entraîna dans la maison, après avoir pris les deux sacs et confié la mule au nègre afin qu’il la ramenât