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les mille nuits et une nuit

sa poitrine et en lui faisant des salams cordiaux. Et lorsque Jouder lui eut remis les quatre talismans, il appela du fond de l’air les deux nègres qui arrivèrent, serrèrent la tente et amenèrent les deux mules que Jouder et le Moghrabin enfourchèrent pour rentrer dans la ville de Fas.

Lorsqu’ils furent arrivés au palais, ils s’assirent autour de la nappe tendue et servie d’innombrables plats tirés du sac, et le Moghrabin dit à Jouder : « Ô mon frère, ô Jouder, mange ! » Et Jouder mangea, et se rassasia. On remit alors les plats vides dans le sac, on enleva la nappe, et le Moghrabin Abd Al-Samad dit : « Ô Jouder, tu as quitté ta terre et ton pays à cause de moi ! Et tu as mené à bien mes affaires ! Et moi de la sorte je te suis redevable des droits que tu as acquis sur moi ! Tu n’as qu’à fixer toi-même l’estimation de tes droits ; car Allah (qu’il soit exalté !) sera généreux à ton égard par notre entremise ! Demande-moi donc tout ce que tu souhaites ; et fais-le sans honte, car tu es méritant ! » Jouder répondit : « Ô mon seigneur, je souhaite seulement d’Allah et de toi que tu me donnes le sac ! » Et le Moghrabin lui mit aussitôt le sac entre les mains en lui disant : « Tu l’as certes mérité ! Et si tu avais souhaité n’importe quoi d’autre, tu l’aurais eu ! Mais, ô pauvre, ce sac ne pourra t’être utile que pour manger ! » Il répondit : « Et que pourrais-je souhaiter de mieux ? » Il dit : « Tu as supporté bien des fatigues avec moi ; et je t’avais promis de te reconduire dans ton pays le cœur content et satisfait. Or, ce sac ne peut fournir qu’à ta nourriture ; mais il ne t’enrichira pas ! Et moi je veux, en plus, t’enrichir !