Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de jouder le pêcheur…
303

lui dit : « Sois le bienvenu, ô mon enfant ! » Il répondit : « Et depuis quand et comment suis-je ton fils, ô maudite ? Ôte tes vêtements ! » Alors elle se mit, tout en cherchant à le tromper, à ôter lentement et pièce par pièce ses vêtements, jusqu’à ce qu’elle n’eût plus sur elle que le caleçon. Et Jouder lui cria : « Ôte-le, ô maudite. » Et elle ôta son caleçon, mais pour aussitôt s’évanouir, fantôme sans âme !

Jouder pénétra alors sans difficulté dans le trésor, et vit les monceaux d’or accumulés en rangs serrés ; mais, sans y prêter la moindre attention, il se dirigea vers le petit pavillon et, ayant soulevé le rideau, il vit le grand devin Al-Schamardal couché sur le trône d’or, ceint du glaive talismanique, le sceau au doigt, la fiole de kohl suspendue à son cou par la chaîne d’or, et, au-dessus de sa tête, la sphère céleste brillante et arrondie comme la lune.

Alors, sans hésiter, il s’avança et défit le glaive du ceinturon, retira le sceau talismanique, détacha la fiole de khôl, prit la sphère céleste, et recula pour sortir. Et aussitôt un concert d’instruments se fit entendre, invisible, autour de lui, et l’accompagna triomphalement jusqu’à la sortie, alors que de tous les points du trésor souterrain les voix des gardiens s’élevaient, qui le félicitaient en criant : « Grand bien te fasse, ô Jouder, de ce que tu as su gagner ! Compliments ! Compliments ! » Et la musique ne cessa de jouer et les voix ne cessèrent de le féliciter, que lorsqu’il fut hors du trésor souterrain.

En le voyant arriver chargé des talismans, le Moghrabin cessa ses fumigations et ses conjurations, et se leva et se mit à l’embrasser en le serrant contre