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les mille nuits et une nuit

la sorte jusqu’à midi, où ils arrivèrent aux bords d’un cours d’eau ; et le Moghrabin mit pied à terre, et dit à Jouder : « Descends ! » Et lorsque Jouder fut descendu, il fit un signe de la main aux deux nègres, en leur disant : « Allons ! » Aussitôt les deux nègres emmenèrent les deux mules qui disparurent, puis revinrent sur les bords du fleuve chargés d’une tente et de tapis et de coussins, et dressèrent la tente et la tapissèrent et rangèrent tout autour les coussins et les oreillers. Après quoi ils apportèrent le sac et les deux bocaux où se trouvaient enfermés les deux poissons couleur de corail. Puis ils tendirent la nappe et servirent, l’ayant tiré du sac, un repas de vingt-quatre plats. Après quoi ils disparurent.

Alors le Moghrabin se leva, plaça devant lui les deux bocaux, sur un escabeau, et se mit à marmotter dessus des formules magiques et des conjurations jusqu’à ce que les deux poissons se fussent mis à crier de l’intérieur : « Nous voici ! ô souverain magicien, fais-nous miséricorde ! » Et ils continuèrent à le supplier, pendant qu’il formulait les conjurations. Et soudain les deux bocaux éclatèrent à la fois et volèrent en pièces, tandis que devant le Moghrabin apparaissaient deux personnages, les bras croisés humblement, qui disaient : « La sauvegarde et le pardon, ô puissant devin ! Quel est ton intention à notre sujet ? » Il répondit : « Mon intention est de vous étrangler, de vous brûler ! à moins que vous ne me promettiez d’ouvrir le trésor de Schamardal ! » Ils dirent : « Nous te le promettons ! et nous t’ouvrirons le trésor ! Mais il faut absolument que tu fasses venir ici Jouder le pêcheur du Caire. Car il est écrit