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histoire de jouder le pêcheur…
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fond du sac, tout préparé et arrangé sur un plat d’or. Et ils arrivèrent de la sorte, au bout de cinq jours, au Maghreb, et entrèrent dans la ville de Fas et de Miknas.

Or, tout le long des rues, chaque passant reconnaissait le seigneur Moghrabin, et lui souhaitait le salam, ou bien venait lui baiser la main, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à la porte d’une maison où le Moghrabin descendit frapper. Et aussitôt la porte s’ouvrit, et sur le seuil apparut une jeune fille, tout à fait comme la lune, et belle et svelte comme une gazelle languissante de soif, qui leur sourit d’un sourire de bienvenue. Et le Moghrabin, paternel, lui dit : « Ô Rahma, ma fille, hâte-toi d’aller nous ouvrir la grande salle du palais ! » Et la jeune fille Rahma répondit : « Sur la tête et sur l’œil ! » et les précéda à l’intérieur du palais en balançant ses hanches. Et la raison de Jouder s’envola ; et il se dit en lui-même : « Il n’y a pas ! cette jeune fille est certainement la fille de quelque roi ! »

Quant au Moghrabin, il commença d’abord par retirer le sac de sur le dos de la mule, et dit : « Ô mule, retourne là d’où tu es venue ! Et qu’Allah te bénisse ! » Et voici que soudain la terre s’entr’ouvrit et reçut la mule dans son sein, pour se refermer sur elle immédiatement. Et Jouder s’écria : « Ô Protecteur ! Louanges à Allah qui nous a délivrés et nous a gardés pendant que nous étions sur son dos ! » Mais le Moghrabin lui dit : « Pourquoi t’étonnes-tu, ô Jouder ? Ne t’avais-je pas prévenu qu’elle était une gennia d’entre les éfrits ? Mais hâtons-nous d’entrer dans le palais et de monter à la grande salle ! » Et ils suivirent la jeune fille.