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les mille nuits et une nuit

enchanté ! Et il est servi par un éfrit qui, si nous le voulions, nous apporterait à l’instant mille mets syriens, mille mets égyptiens, mille mets indiens, mille mets chinois ! » Et Jouder s’écria : « Ô ! que ce sac est beau ! et quels prodiges il contient et quelle opulence ! » Puis ils mangèrent tous deux jusqu’à satiété et jetèrent ce qui resta de leur repas. Et le Moghrabin remit les plats d’or dans le sac ; puis il plongea sa main dans l’autre poche de la besace et en tira une aiguière d’or pleine d’eau fraîche et douce. Et ils burent et firent leurs ablutions et récitèrent la prière de l’après-midi, pour ensuite remettre l’aiguière dans le sac à côté de l’un des bocaux, le sac sur le dos de la mule, et monter eux-mêmes sur la mule et continuer leur voyage.

Au bout d’un certain temps, le Moghrabin demanda à Jouder : « Sais-tu, ô Jouder, combien nous avons fait de chemin depuis le Caire jusqu’ici ? » Il répondit : « Par Allah ! je ne sais pas ! » Il dit : « Exactement, en ces deux heures, nous avons parcouru un espace qui exige pour le moins un mois de chemin ! » Il demanda : « Et comment cela ? » Il dit : « Sache, ô Jouder, que cette mule que nous montons est tout simplement une gennia d’entre les genn ! En un jour elle parcourt d’ordinaire l’espace d’une année de chemin ; mais aujourd’hui, pour ne point te fatiguer, elle a marché lentement, au pas ! » Et là-dessus ils poursuivirent leur chemin vers le Maghreb ; et tous les jours, matin et soir, le sac subvenait à tous leurs besoins ; et Jouder n’avait qu’à souhaiter un mets, fût-il le plus compliqué et le plus extraordinaire, pour qu’aussitôt il le trouvât au