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histoire de jouder le pêcheur…
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Jouder. Seulement les frais du procès firent perdre à Jouder et à ses frères une partie de ce qu’ils possédaient. Mais cela n’empêcha pas ces derniers, au bout d’un certain temps, de comploter contre Jouder qui fut encore obligé d’en appeler aux juges contre eux ; et cela, de nouveau, leur fit perdre à tous une bonne partie de leur avoir, en frais de procès. Mais ils ne s’arrêtèrent point là, et allèrent devant un troisième juge, et puis devant un quatrième, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils eussent fait manger par les juges tout l’héritage, et qu’ils fussent devenus trois pauvres, sans une pièce de cuivre pour s’acheter une galette et un oignon.

Lorsque les deux frères Salem et Salim se virent dans cet état, et comme ils ne pouvaient plus rien réclamer à Jouder qui était aussi misérable qu’eux, ils allèrent comploter contre leur mère qu’ils réussirent à tromper et à dépouiller, après l’avoir maltraitée. Et la pauvre femme vint en pleurant trouver son fils Jouder et lui dit : « Tes frères m’ont fait telle et telle chose ! Et ils m’ont dépouillée de ma part d’héritage ! » Et elle se mit à proférer des imprécations contre eux. Mais Jouder lui dit : « Ô ma mère ne fais point d’imprécations contre eux ! car Allah saura bien traiter chacun d’eux selon ses actions ! Quant à moi je ne puis plus les attaquer devant le kâdi et les autres juges, puisque les procès demandent des dépenses et que j’ai perdu en jugements tout mon avoir. Il vaut donc mieux nous résigner tous deux au silence. D’ailleurs, ô mère, tu n’as qu’à demeurer chez moi ; et le pain que je mangerais, je te le laisserai ! Toi seulement, ô mère