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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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être sans conteste celle de sa fille Rose-dans-le-Calice.

À cette vue, il se leva et se rendit auprès de son épouse, mère de la jeune fille, en pleurant si abondamment que sa barbe en était toute mouillée. Et son épouse lui demanda : « Qu’est-ce qui te fait pleurer ainsi, ô mon maître ? » Il répondit : « Prends ce papier et regarde ce qu’il contient ! » Elle prit le papier, le lut, et trouva que c’était une correspondance entre sa fille Rose-dans-le-Calice et Délice-du-Monde. À cette constatation, des larmes lui vinrent aux yeux, mais elle maîtrisa son âme, empêcha ses pleurs et dit au vizir : « Ô mpn seigneur, les larmes ne peuvent être d’aucune utilité ; la seule idée excellente serait de songer au moyen de sauvegarder ton honneur et cacher l’affaire de ta fille ! » Et elle continua à le consoler et à l’alléger de ses chagrins. Il lui répondit : « Moi je crains fort pour ma fille cette passion-là ! Ne sais-tu point que le sultan éprouve une affection très grande pour Rose-dans-le-Calice ? Aussi ma crainte dans cette affaire tient à deux causes : la première me concerne, car c’est ma fille ; la seconde, par rapport au sultan, est que Rose-dans-le-Calice est la favorite du sultan, et il se peut que de là sortent de graves complications ! Toi, que penses-tu de tout cela ? » Elle répondit : « Attends un peu, pour me donner le temps de faire la Prière du Parti à prendre ! » Et aussitôt elle se mit dans l’attitude de la prière, selon le rite et la Sunna, en exécutant les pratiques pieuses prescrites en pareil cas.

Cette prière terminée, elle dit à son époux :