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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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aussitôt grimpa sur la terrasse et de là passa sur la terrasse d’une maison voisine dont il descendit l’escalier et, en ouvrant la porte, s’échappa dans la rue et se dirigea vers sa maison.

Quant à Ali Vif-Argent il stationna longtemps dans la rue ; mais, quand il vit que personne ne se décidait à lui ouvrir, il frappa à la porte un coup terrible qui réveilla toute la maison, et Hassan-la-Peste s’écria : « C’est Ali qui est à la porte ! Va vite lui ouvrir, ô Dos-de-Chameau ! » Puis quand Vif-Argent fut entré, il lui demanda, ironique : « Et la bourse du fripon ? » Vif-Argent s’écria : « Assez plaisanter, ô mon grand ! Tu sais bien que je te l’ai passée à travers la porte ! » À ces paroles Hassan-la-Peste se renversa sur son derrière par la force explosive de son rire, et s’écria : « C’est à recommencer, ya Ali ! C’est Zoraïk qui a repris son bien ! » Alors Vif-Argent réfléchit un instant et s’écria : « Par Allah ! ô mon grand, si cette fois je ne te la rapporte pas, cette bourse-là, je ne veux plus me considérer digne de mon nom ! » Et, sans tarder, il courut par des chemins très raccourcis à la maison de Zoraïk, avant que celui-ci y fût arrivé, y pénétra par la terrasse voisine, et commença par entrer dans la chambre où dormait la négresse avec son enfant, le petit garçon qu’on devait circoncire le lendemain. Il se jeta d’abord sur la négresse, l’immobilisa sur son matelas en lui liant les bras et les jambes et la bâillonna ; puis il prit le petit garçon qu’il bâillonna également, le mit dans un panier rempli de gâteaux encore chauds qui devaient servir à la fête du lendemain, et alla s’accouder à la fenêtre en attendant