ou les gésiers pleins de lait, et arriva de la sorte devant la boutique aux poissons frits, où il vit en effet la bourse suspendue à l’entrée, et Zoraïk occupé à frire les poissons en les regardant d’un œil tandis que son autre œil surveillait les allées et venues des clients ou des passants. Alors Vif-Argent dit à l’ânier : « Ya hammar, mon odorat est touché par les poissons frits, et mon désir de femme enceinte se porte avec intensité vers ces poissons ! Hâte-toi d’aller m’en chercher un, que je le mange de suite, ou sinon je vais certainement avorter en pleine rue ! » Alors l’ânier arrêta son âne devant la boutique, et dit à Zoraïk : « Donne-moi vite un poisson frit pour cette dame enceinte, dont l’enfant, à cause de cette odeur de friture, est en train de s’agiter éperdument et menace de sortir en avortement ! » Le vieux fripon répondit : « Attends un peu. Les poissons ne sont pas encore cuits ! Puis, si tu ne peux attendre, fais-moi voir la largeur de ton dos ! » L’ânier dit : « Donne-m’en un de ceux qui sont à l’étalage ! » Il répondit : « Ils ne sont pas à vendre, ceux-là ! » Puis, sans plus faire attention à l’ânier qui aidait la prétendue femme enceinte à descendre de l’âne, et à venir s’appuyer, pleine d’attente anxieuse, à la devanture de la boutique, Zoraïk, avec le sourire du métier, continua à tourner les poissons dans la poêle en chantant son cri de vente :
« Repas des délicats, ô chair des oiseaux de l’eau !
« Or et argent qu’on acquiert pour une pièce de cuivre !