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les mille nuits et une nuit

marchand de poisson frit. C’est lui en effet qui est le tuteur légal de Zeinab ; et ni moi ni elle nous ne pouvons rien sans son consentement ! Mais je te promets de parler de toi à ma fille, et d’intercéder pour toi auprès de Zoraïk, mon frère ! » Et elle s’en alla, en riant, raconter à sa fille Zeinab ce qui venait de se passer, et comme quoi Ali Vif-Argent la demandait en mariage. Et Zeinab répondit : « Ô mère mienne, pour ma part je ne m’oppose pas à ce mariage ; car Ali est beau et gentil et, en outre, il a été fort convenable avec moi en ne brisant pas ce qu’il pouvait briser pendant mon sommeil ! » Mais Dalila répondit : « Ô ma fille, je crois bien qu’avant de réussir à t’obtenir de ton oncle Zoraïk, Ali perdra à la tâche ses bras et jambes, sinon sa vie même ! » Et voilà pour elles !

Quant à Ali Vif-Argent, il demanda à Hassan-la-Peste : « Dis-moi donc qui est ce Zoraïk, et où se trouve sa boutique, pour que j’aille à l’instant lui demander en mariage la fille de sa sœur ! » La Peste répondit : « Mon fils, tu peux dès cet instant faire ton acte de renoncement au sujet de la belle Zeinab, si tu songes à l’obtenir de cet extraordinaire fripon qu’on nomme Zoraïk ! Sache en effet, ya Ali, que ce vieux Zoraïk, actuellement marchand de poisson frit, est un ancien chef de bande, connu dans tout l’Irak pour ses exploits qui dépassent les miens, les tiens et ceux de notre frère Ahmad-la-Teigne ! C’est un compère si rusé et si adroit qu’il est capable, sans bouger, de percer les montagnes, de cueillir les étoiles dans le ciel, et de voler le kohl qui embellit les yeux de la lune. Nul de nous ne peut l’égaler en