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les mille nuits et une nuit

commença par déshabiller la vieille et la trouva extrêmement laide et tout à fait détestable. Il lui prit alors son costume de parade et son casque et pénétra dans la chambre de Zeinab, celle qu’il aimait et pour laquelle il accomplissait son premier exploit. Il la dévêtit complètement, et la trouva merveilleuse et désirable à souhait, et soignée et propre et sentant bon ; mais, comme il était fort consciencieux, il ne voulut point l’ouvrir sans son consentement, et se contenta de la tâter et de la palper partout en connaisseur pour bien juger de sa valeur future, de sa consistance, de son degré de tendreté, de son velouté, et de sa sensibilité ; et, pour cette dernière expérience, il la chatouilla sous la plante des pieds et vit, au violent coup de pied qu’elle lui envoya, qu’elle était sensible à l’extrême. Alors, rassuré de la sorte sur son tempérament, il lui prit ses habits, et alla dépouiller tous les nègres ; puis il monta sur la terrasse, entra dans le pigeonnier et s’empara de tous les pigeons, qu’il mit dans une cage, et, tranquillement, sans fermer les portes, il revint à la maison d’Ahmad-la-Teigne, où l’attendait Hassan-la-Peste, auquel il remit tout le butin, ainsi que les pigeons. Et Hassan-la-Peste, émerveillé de son adresse, le félicita et lui promit son concours pour lui obtenir Zeinab en mariage.

Quant à Dalila-la-Rouée, elle fut la première a sortir du sommeil où l’avait jetée le bang. Elle mit un certain temps avant de recouvrer complètement ses sens ; mais, lorsqu’elle eut compris qu’elle avait été endormie, elle sauta sur ses deux pieds, se couvrit de ses vêtements ordinaires de vieille femme et