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Ô toi dont le cœur est épris de notre beauté, ne crains point d’unir la patience à l’amour ! C’est un moyen peut-être d’arriver à nous posséder.

Lorsque nous eûmes reconnu que ton amour était sincère, et que ton cœur était éprouvé par les mêmes tourments que ceux de notre cœur,

Nous eûmes un désir égal à ton désir de nous voir enfin unis, mais nous fûmes retenu par la crainte de nos gardiens.

Sache que lorsque sur nous descend la nuit pleine de ténèbres, notre ardeur s’exalte tant que les feux s’allument dans nos entrailles.

Les tyranniques tourments de ton désir chassent alors le sommeil de notre couche, et la douleur cuisante s’empare de notre corps.

Toutefois n’oublie point que le premier devoir des amoureux est de taire aux autres leur amour ! Garde-toi donc de soulever pour d’autres yeux le voile qui nous protège.

Et maintenant je veux crier que mes entrailles sont bourrées d’amour pour un jouvenceau ! Ô ! que n’est-il toujours resté dans nos demeures !

Lorsqu’elle eut fini d’écrire ces vers…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.