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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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en lui disant quelques paroles gentilles ! » Il profita donc d’un moment où ils étaient arrivés à un endroit écarté, s’approcha d elle et lui dit : « Ô jouvencelle, tiens, prends ce dinar pour toi, et renvoyons notre rencontre à un autre jour ! » Elle répondit : « Par le Nom le Plus Grand ! il te faut absolument être mon hôte aujourd’hui, car je ne me suis jamais sentie comme aujourd’hui disposée aux multiples ébats et aux jeux hardis ! » Alors il la suivit, et arriva avec elle devant une vaste maison dont la porte était fermée avec une forte serrure de bois. Et la jeune fille fit le geste de chercher dans sa robe la cheville d’ouverture, puis s’écria, désappointée : « Voilà que j’ai perdu ma cheville ! Comment faire pour ouvrir la porte maintenant ? » Puis elle fit semblant d’en prendre son parti et lui dit : « Ouvre-la, toi ! » Il dit : « Comment pourrai-je ouvrir une serrure sans cheville ni clef ? Je ne puis pourtant me décider à l’ouvrir de force ! » Pour toute réponse, elle lui lança de dessous sa voilette deux œillades qui lui ouvrirent ses serrures les plus profondes ; puis elle ajouta : « Tu n’auras qu’à la toucher, et elle s’ouvrira ! » Et Vif-Argent mit la main sur la serrure de bois, et Zeinab se hâta de marmonner sur elle les noms de la mère de Moïse ! Et aussitôt la serrure céda, et la porte s’ouvrit. Ils entrèrent tous deux, et elle le conduisit dans une salle remplie de belles armes et tendue de beaux tapis, où elle le fit s’asseoir. Sans tarder, elle tendit la nappe et, s’asseyant à côté de lui, elle se mit à manger avec lui et à lui mettre elle-même les bouchées entre les lèvres, puis à boire avec lui et à se réjouir, sans toutefois lui permettre