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les mille nuits et une nuit

que l’Avorton vit l’argent, il crut que l’homme le lui donnait pour l’entreprendre et le séduire, et il lui cria : « Va-t’en ! Je ne me vends pas ! Je ne fais pas de turpitudes ! Interroge les autres sur moi, et ils te répondront ! » Ali Vif-Argent, qui ne pensait point à ce moment-là à des turpitudes ou autres choses semblables, dit au petit crapuleux : « Mon enfant, ce que je te donne là est le prix d’un renseignement que je veux te demander ; et je te paie de la sorte, parce que les braves paient toujours les services qu’ils demandent à d’autres braves. Peux-tu seulement me dire où se trouve la demeure du mokaddem Ahmad la-Teigne ? » L’Avorton répondit : « Si ce n’est que cela que tu me demandes, la chose est facile ! Je vais marcher devant toi, et quand j’arriverai devant la maison d’Ahmad-la-Teigne, j’attraperai un caillou avec mes orteils nus et je le lancerai contre la porte. De cette façon personne ne me verra te donner l’indication. Et tu sauras de la sorte quelle est la demeure d’Ahmad-la-Teigne ! » Et il se mit effectivement à courir devant Vif-Argent, et, au bout d’un certain temps, il ramassa un caillou avec ses orteils nus et le lança, sans bouger, contre la porte d’une maison ! Et Vif-Argent émerveillé de la prudence, de la précocité, de l’adresse, de la méfiance, de la malice et de la finesse du garnement, s’écria : « Inschallah, ya Mahmoud, le jour où moi aussi je serai nommé capitaine de la garde ou chef de police, je te choisirai le premier pour être du nombre de mes braves ! » Puis Ali frappa à la porte d’Ahmad-la-Teigne.

Lorsque Ahmad-la-Teigne entendit les coups frappés à sa porte, il bondit sur ses deux pieds, à la