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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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« Et que la Paix d’Allah et ses bénédictions soient sur toi, ya Ali ! »

Lorsque Ali Vif-Argent eut lu cette lettre d’Ahmad-la-Teigne son grand, il se trémoussa de joie et d’émotion et, brandissant son long bâton d’une main et la lettre de l’autre main, il exécuta une danse fantastique sur les marches de la fontaine, en bousculant les vieilles femmes et les mendiants. Puis il baisa plusieurs fois la lettre en la portant ensuite à son front ; et il défit sa ceinture de cuir et la vida de toutes les pièces d’or qu’elle contenait entre les mains du porteur d’eau, pour le remercier de la bonne nouvelle et de la commission. Et il se hâta d’aller rejoindre, dans le souterrain, les gaillards de sa bande pour leur annoncer son départ immédiat pour Baghdad.

Lorsqu’il fut arrivé au milieu d’eux, il leur dit : « Mes enfants, je vous recommande les uns aux autres ! » Alors son lieutenant s’écria : « Comment, maître ! Tu nous quittes donc ? » Il répondit : « Ma destinée m’attend à Baghdad, entre les mains de mon grand, Ahmad-la-Teigne ! » Il dit : « Le moment est bien difficile pour nous justement ! Notre magasin de provisions est vide ! Et sans toi qu’allons-nous devenir ? » Il répondit : « Avant même mon arrivée à Baghdad, dès que je serai entré dans Damas, je saurai bien trouver, pour vous l’envoyer, de quoi subvenir à tous vos besoins. Soyez donc sans crainte, mes enfants ! » Puis il enleva les vêtements qu’il portait, fit ses ablutions et s’habilla d’une robe serrée à la taille, d’un grand manteau de voyage aux vastes