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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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coup de gens au Caire ? » Je répondis : « Je connais tous les gens généreux qui l’habitent. » Il me dit : « Alors prends cette lettre que voici, et remets-la en mains propres à mon ancien compagnon Ali Vif-Argent du Caire ; et dis-lui de ma part : « Ton grand t’envoie ses salams et ses souhaits ! Il est maintenant avec le khalifat Haroun Al-Rachid ! »

« Moi alors je pris la lettre, je baisai la main du mokaddem Ahmad, et je quittai Baghdad pour le Caire, où j’arrivai il y a à peine cinq jours. Je commençai par aller trouver mes créanciers que je payai intégralement avec tout l’argent que j’avais gagné à Baghdad, grâce à la générosité d’Ahmad-la-Teigne. Après quoi je revêtis ma camisole de cuir, je chargeai mon outre sur mon dos, et je devins porteur d’eau comme avant, tel que tu me vois, ô mon maître ! Mais j’ai beau chercher dans tout le Caire l’ami d’Ahmad-la-Teigne, Ali Vif-Argent, je ne puis arriver à le trouver pour lui remettre la lettre que je porte toujours dans la doublure de mon caban !

« Et telle est, ô mon maître, l’aventure que j’ai eue avec le plus généreux de mes clients ! »

Lorsque le porteur d’eau eut fini de raconter son histoire, Ali Vif-Argent se leva et l’embrassa comme le frère embrasse son frère, et lui dit : « Ô porteur, mon semblable, pardonne-moi mon emportement de tout à l’heure à ton égard ! L’homme, certes plus généreux que moi, le seul plus généreux que moi, que tu as rencontré à Baghdad est mon ancien chef grand ! Car c’est moi-même Ali Vif-Argent que tu cherches, le premier compagnon d’Ahmad-la-Teigne ! Réjouis