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histoire de dalila-la-rouée…
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rante archers ! » À ces paroles Zeinab, comme subitement prise d’un grand sentiment de respect, s’avança vers Ahmad-la-Teigne, et lui baisa la main en disant : « Ô capitaine Ahmad, chef de la Droite du khalifat, les quarante archers m’ont chargée de te dire qu’ils avaient aperçu, au fond de la ruelle, la vieille Dalila que tu cherches, et qu’ils allaient se mettre à sa poursuite sans s’arrêter ici ; mais ils t’assurent qu’ils reviendront bientôt avec elle ; et tu n’as qu’à les attendre dans la grande salle du cabaret où je te servirai moi-même avec mes yeux ! » Alors Ahmad-la-Teigne, précédé par l’adolescente, pénétra dans la boutique où il ne tarda pas, grisé par les charmes de la friponne et subjugué par ses artifices, à boire coupe sur coupe et à tomber comme mort sous l’effet opéré sur sa raison par le bang soporifique mélangé aux boissons.

Alors Zeinab, sans perdre de temps, commença par dépouiller Ahmad-la-Teigne de tous ses habits et de tout ce qu’il portait sur lui, ne lui laissant sur le corps que sa chemise et son large caleçon ; puis elle alla aux autres et les dépouilla de la même façon. Après quoi elle ramassa tous ses ustensiles et tous les effets qu’elle venait de voler, les chargea sur le cheval d’Ahmad-la-Teigne, sur celui du Bédouin et sur l’âne de l’ânier et, riche ainsi de tous ces trophées de sa victoire, elle regagna sa maison sans encombre, et remit le tout à sa mère Dalila qui l’embrassa en pleurant de joie.

Quant à Ahmad-la-Teigne et à ses quarante compagnons…