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les mille nuits et une nuit

Alors Zeinab les traîna, à tour de rôle, par les pieds et les jeta tout au fond de la boutique en les entassant les uns sur les autres, les cacha sous une large couverture, tira sur eux un grand rideau, remit tout en ordre dans la pièce, et sortit se poster de nouveau à la porte du cabaret.

Bientôt apparut la seconde escouade de dix archers, qui subit le même ensorcellement par les yeux sombres et le visage clair de la belle Zeinab et le même traitement que la précédente, ainsi que la troisième et la quatrième escouades. Et l’adolescente, après avoir entassé tous les archers les uns sur les autres derrière le grand rideau, remit tout en ordre dans la salle et sortit attendre l’arrivée d’Ahmad-la-Teigne lui-même.

Elle n’était pas là depuis longtemps quand apparut sur son cheval, menaçant et les yeux chargés d’éclairs et les poils de la barbe et des moustaches hérissés comme les poils de la hyène affamée, Ahmad-la-Teigne. Arrivé devant la porte, il descendit de cheval et attacha la bête par la bride à l’un des anneaux en fer scellés dans les murs du cabaret, et s’écria : « Où sont-ils, tous ces fils de chiens ? Je leur avais ordonné de m’attendre ici ? Les aurais-tu vus, toi ? » Alors Zeinab balança ses hanches, coula un regard doux à gauche, puis un autre à droite, sourit de ses lèvres et dit : « Qui donc, ô mon maître ? » Or, Ahmad, des deux regards à lui jetés par l’adolescente, sentit ses entrailles lui bouleverser l’estomac, et gémir l’enfant, seul héritage qui lui restât, capital et intérêts ! Alors il dit à la souriante Zeinab immobile dans une pose naïve : « Ô jouvencelle, mes qua-