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les mille nuits et une nuit

mir des Croyants, le khalifat Haroun Al-Rachid.

L’audience leur fut accordée et ils entrèrent au Diwân, où déjà les avait précédés le capitaine Fléau-des-Rues, l’un des premiers plaignants.

Le khalifat, qui faisait tout par lui-même, commença par les interroger l’un après l’autre, l’ânier le premier et le wali le dernier. Et chacun d’eux raconta au khalifat son histoire, avec tous ses détails.

Alors le khalifat, extrêmement émerveillé de toute l’affaire, dit à tous ceux-là : « Par l’honneur de mes aïeux les Bani-Abbas ! je vous donne l’assurance que tout ce qui vous a été dérobé vous sera rendu. Toi, l’ânier, tu auras ton âne et une indemnité ! Toi, le barbier, tu auras tous tes meubles et ustensiles ! Toi, marchand, ta bourse et tes vêtements ! Toi, juif, tes bijoux ! Toi, teinturier, une boutique neuve ! Et toi, cheikh arabe, ton cheval, tes habits et autant de plateaux de beignets au miel que peut en souhaiter la capacité de ton âme ! Aussi faut-il d’abord retrouver la vieille ! » Et il se tourna vers le wali et le capitaine Fléau et leur dit : « Toi, émir Khaled, tes mille dinars te seront également restitués ! Et toi, émir Mustapha, les bijoux et les vêtements de ton épouse et une indemnité. Mais il faut, à vous deux, retrouver la vieille ! Je vous charge de ce soin. »

À ces paroles, l’émir Khaled secoua ses habits et leva les bras au ciel, en s’écriant : « Par Allah ! ô émir des Croyants, excuse-moi ! Je n’ose me charger encore de l’accomplissement de cette tâche-là ! Après tous les tours que cette vieille m’a joués, je ne réponds pas qu’elle ne trouve encore quelque expé-