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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT QUARANTE-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

« … Toi, frère, qu’as-tu fait de mieux durant ton séjour dans la merveilleuse Baghdad ? » L’autre répondit, après un silence : « Moi, par Allah ! j’y ai mangé de délicieux beignets au miel et à la crème, ceux-là que j’aime ! Et voilà certes ce que j’ai fait de mieux à Baghdad ! » Alors l’autre, reniflant dans l’air l’odeur d’imaginaires beignets frits à l’huile et farcis de crème et dulcifiés de miel, s’écria : « Par l’honneur des Arabes ! je vais de ce pas aller à Baghdad manger de ces délicieuses bouchées-là dont je n’ai goûté de ma vie, durant mes courses dans le désert ! » Alors le Bédouin qui avait déjà mangé des beignets farcis à la crème et au miel prit congé de son compagnon l’alléché, pour retourner sur ses pas, tandis que celui-ci, continuant sa route sur Baghdad, arrivait au poteau et y découvrait Dalila attachée par les cheveux avec, autour d’elle, les cinq hommes endormis.

À cette vue, il s’approcha de la vieille et lui demanda : « Qui es-tu ? Et pourquoi es-tu là ! » Elle dit, en pleurant : « Ô cheikh des Arabes, je me mets sous ta protection ! » Il dit : « Allah est le plus grand Protecteur ! Mais pourquoi es-tu attachée à ce