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histoire de dalila-la-rouée…
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tresse, ta nourrice Omm Al-Khayr t’envoie ses salams et ses souhaits et te dit qu’elle s’est beaucoup réjouie pour toi, et qu’elle viendra ici avec ses filles le jour du mariage et sera généreuse pour les dames d’atours ! » Sa maîtresse lui demanda : « Où as-tu laissé ton jeune maître ? » Elle répondit : « Je l’ai laissé avec elle, de peur qu’il ne s’accrochât à toi ! Et voici une pièce d’or qu’elle me donna pour les chanteuses ! » Et elle tendit la pièce à la principale chanteuse en disant : « Voilà pour tes étrennes ! » Et la chanteuse prit la pièce et trouva qu’elle était en cuivre. Alors la maîtresse cria à la servante : « Ah ! prostituée, descends vite retrouver ton jeune maître ! » Et l’esclave se hâta de redescendre, mais elle ne retrouva ni l’enfant ni la vieille. Alors elle jeta un grand cri et tomba sur son visage, alors que toutes les femmes accouraient du haut, et que la joie se changeait en deuil dans leurs cœurs. Et voici que, sur ces entrefaites, arriva le syndic lui-même ; et son épouse se hâta, la figure retournée d’émotion, de le mettre au courant de ce qui venait de se passer. Aussitôt il sortit à la recherche de l’enfant, suivi de tous les marchands, ses invités, qui se mirent de leur côté à faire des recherches dans toutes les directions. Et il finit, après mille transes, par trouver l’enfant presque nu sur le seuil de la boutique du Juif, et il se précipita, fou de joie et de colère, sur le Juif en criant : « Ah ! maudit ! Que voulais-tu faire de mon fils ! Et pourquoi l’as-tu dépouillé de ses vêtements ? » Le Juif répondit, en tremblant et à la limite de la stupéfaction : « Par Allah ! ô mon maître, je n’avais pas besoin d’un semblable gage ! Mais c’est la vieille