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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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… Or, cette adolescente était si exquise, si douce et d’une beauté si vive qu’on l’appelait Rose-dans-le-Calice !

Le roi, qui aimait beaucoup l’avoir à ses côtés, dans les festins, tant elle était douée de finesse d’esprit et de distinction, avait coutume, chaque année, de donner de grandes fêtes et, par la même occasion, de profiter de la présence au palais des principaux personnages de son royaume pour jouer avec eux à la balle.

Lorsque le jour arriva où les invités du roi se réunissaient pour ce jeu de balle, Rose-dans-le-Calice s’assit à sa fenêtre pour jouir du spectacle. Bientôt le jeu commença à s’animer, et la fille du vizir, qui suivait les mouvements et observait les joueurs, aperçut au milieu d’eux un jeune homme infiniment beau, au visage charmant, aux dents souriantes, à la taille élancée et aux vastes épaules. Elle éprouva un tel plaisir à sa vue, qu’elle ne put se rassasier de le contempler ni s’empêcher de lui lancer des œillades répétées. Elle finit par appeler sa nourrice et lui demanda : « Sais-tu le nom de ce jeune homme exquis si plein de distinction, qui est là au milieu des joueurs ? » La nourrice répondit : « Ô ma fille, ils sont tous beaux ! Je ne vois donc pas de qui tu veux parler. » Elle dit : « Attends alors ! Je vais te le montrer ! » Et aussitôt elle prit une pomme et la lança sur le jeune homme qui se retourna et leva la tête vers la fenêtre. Il vit alors Rose-dans-le-Calice, souriante et belle comme la pleine lune illuminant les ténèbres ; et, du coup, avant même qu’il eût le temps de ramener à lui son regard, il se sentit extrê-