Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
les mille nuits et une nuit

… Tout cela !

Mais pour ce qui est de la jouvencelle et du jeune marchand, voici !

Pendant que le jeune marchand attendait dans le vestibule l’arrivée de la jouvencelle pour l’examiner, celle-ci de son côté attendait dans la pièce du haut que la vieille sainte revînt lui apporter la permission de l’idiot, le lieutenant du Père-des-Assauts, afin qu’elle pût rendre visite au Père-des-Assauts. Mais comme la vieille tardait à revenir, la belle Khatoun, vêtue seulement de sa simple chemise fine, sortit de la pièce et descendit l’escalier. Alors elle entendit, dans le vestibule, le jeune marchand qui, ayant reconnu le cliquetis des grelots qu’elle n’avait pu enlever de ses chevilles, lui disait : « Hâte-toi donc ! Et viens ici avec ta mère qui t’a amenée pour te marier avec moi ! » Mais l’adolescente répondit : « Ma mère est morte ! mais toi, tu es, n’est-ce pas, l’idiot ? Et c’est bien toi le lieutenant du Père-des-Assauts ? » Il répondit à tout hasard : « Non, par Allah, ô mon œil, je ne suis pas encore tout à fait idiot ! Mais quant à être le Père-des-Assauts, je suis réputé comme tel ! » À ces paroles la rougissante jouvencelle ne sut que faire et résolut, malgré les objurgations du jeune marchand qu’elle prenait toujours pour l’idiot, lieutenant du Multiplicateur-des-Grossesses, d’attendre sur l’escalier l’arrivée de la sainte vieille.

Sur ces entrefaites, arrivèrent les gens qui accompagnaient le teinturier et l’ânier ; et ils frappèrent à la porte et attendirent longtemps qu’on leur ouvrit de l’intérieur. Mais comme personne ne répondait,