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histoire de dalila-la-rouée…
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détruire dans la boutique pour Allah ! » Alors la vieille le quitta et, après avoir tout chargé sur l’âne, se dirigea vers sa maison, en conduisant l’âne par le licou.

Avec l’aide et la protection du Protecteur, elle arriva sans encombre à sa maison et entra chez sa fille Zeinab, qui l’attendait assise comme sur une poêle à frire, et qui lui dit : « Ô ma mère, mon cœur a été avec toi ! Qu’as-tu accompli en fait de duperies ? » Dalila répondit : « J’ai joué, pour cette première matinée, quatre tours à quatre personnes : un jeune marchand, une épouse d’un terrible capitaine, un teinturier libidineux et un ânier ! Et je t’apporte toutes leurs hardes et tous leurs effets sur l’âne de l’ânier ! » Et Zeinab s’écria : « Ô ma mère, tu ne vas plus pouvoir désormais circuler dans Baghdad, à cause du capitaine dont tu as dépouillé l’épouse, du jeune marchand que tu as dénudé, du teinturier auquel tu as enlevé les effets de ses clients, et de l’ânier maître de l’âne ! » Dalila répondit : « Pouh ! ma fille, moi je ne me préoccupe guère de tous ceux-là, excepté seulement de l’ânier, car il me connaît ! » Et voilà, pour le moment, ce qui concerne Dalila.

Quant au maître teinturier, une fois qu’il eut acheté les panades farcies en question, il en chargea son garçon et prit avec lui le chemin de sa maison, en repassant devant sa teinturerie. Et voici ! Il vit l’ânier dans la boutique en train de tout démolir et de casser les grandes jarres et les cuves ; et déjà la boutique n’était qu’un amas de décombres et de boue bleue ruisselante. À cette vue, il s’écria : « Arrête, ô ânier ! » Et l’ânier s’arrêta