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histoire de dalila-la-rouée…
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de la sorte bien occupée, et que mes enfants n’ont rien mangé depuis ce matin, voici un dinar ! Prends-le, je t’en prie, et achète-leur de la panade farcie et recouverte de hachis de viande, et va prendre le repas du jour avec eux à la maison, et leur tenir compagnie ! » Le teinturier répondit : « Mais qui me gardera, pendant ce temps, la boutique et les effets des clients ? » Elle dit : « Par Allah ! ton petit employé ! » Il répondit : « Qu’il en soit donc ainsi ! » Et il prit une assiette et une porcelaine et s’en alla, pour acheter et porter la panade farcie en question. Et voilà pour ce qui est du teinturier ! D’ailleurs nous y reviendrons !

Mais pour ce qui est de Dalila-la-Rouée, elle courut aussitôt reprendre les deux paquets qu’elle avait déposés chez l’épicier, et revint immédiatement à la teinturerie, pour dire au garçon teinturier : « Ton maître m’envoie te dire de courir le rejoindre chez le marchand de panades ! Moi, jusqu’à ton retour, je veux bien garder la boutique. Ne tarde donc pas ! » Le garçon répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et il sortit de la boutique, tandis que la vieille commençait par mettre la main sur les effets des clients et ce qu’elle pouvait ramasser dans la boutique. Pendant qu’elle était ainsi occupée, vint à passer, avec son âne, un ânier, qui depuis une semaine n’avait pas trouvé de besogne et qui était un mangeur de haschisch par-dessus le marché. Et la vieille putain l’appela en lui criant : « Hé ! ô ânier, viens ! » Et l’ânier s’arrêta à la porte avec son âne, et la vieille lui demanda : « Toi, connais-tu mon fils, le teinturier ? » Il répondit : « Ya Allah ! et qui le connaît