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les mille nuits et une nuit

atteint de la gale et de la lèpre ? » Alors moi je lui ai juré, comme tu l’avais fait toi-même à ta mère, de ne point t’unir à elle avant qu’elle t’ait vu tout nu ! » À ces paroles le jeune marchand s’écria : « Je recours à Allah contre les envieux et les mal intentionnés ! » Et, ce disant, il se dévêtit de tous ses habits, et en sortit nu et intact et blanc comme du vierge argent. Et la vieille lui dit : « Certes ! beau et pur comme tu es, tu n’as rien à redouter ! » Et il s’écria : « Qu’elle vienne me voir maintenant ! » Et il finit de ranger de côté sa belle pelisse de martre, sa ceinture, son poignard d’argent et d’or, et le reste — de ses habits, en cachant dans leurs plis la bourse de mille dinars ! Et la vieille lui dit : « Il ne faut point laisser dans le vestibule toutes ces choses tentantes. Je vais les mettre en lieu sûr ! » Et elle fit un paquet de tous ces objets, comme elle avait fait des vêtements de la jouvencelle et, quittant le jeune marchand, referma sur lui la porte à clef, alla prendre sous l’escalier le premier paquet et sortit sans bruit de la maison, en emportant le tout.

Une fois dans la rue, elle commença par mettre en effet en lieu sûr les deux paquets, en les déposant chez un marchand d’épices de ses connaissances, et retourna chez le teinturier libidineux qui l’attendait avec impatience et lui demanda, sitôt qu’il l’eut aperçue : « Eh bien ! ma tante ? Inschallah ! j’espère que ma maison t’a convenu ! » Elle répondit : « Ta maison est une maison bénie ! J’en suis satisfaite à la limite de la satisfaction. Maintenant je vais de ce pas chercher les portefaix, pour y faire transporter nos meubles et nos effets ! Seulement, comme je suis