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histoire de dalila-la-rouée…
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comme toi entre chez le cheikh, la vue des ornements et des soieries dont elle est vêtue le fait entrer en fureur, et il se précipite sur elle et lui met en pièces les habits, et lui arracha ses pendeloques, en lui déchirant les oreilles, et la dépouille de tous ses bijoux. Tu ferais donc bien de commencer par enlever ici tes bijoux et te dévêtir de toutes tes robes et chemises ; et moi je te garderai le tout en attendant que tu sois revenue de ta visite au cheikh Père-des-Assauts ! » Alors la jouvencelle enleva tous ses bijoux, se dévêtit de tous ses habits, en ne gardant sur elle que sa chemise en soie de dessous, et remit le tout à Dalila, qui lui dit : « Je vais les déposer pour toi sous la robe du Père-des-Assauts, pour qu’ainsi, à son contact, t’advienne la bénédiction ! » Et elle descendit en emportant tout le paquet et, pour le moment, le cacha sous la voûte de l’escalier ; puis elle entra chez le jeune marchand et le trouva dans l’attente de la jouvencelle. Il lui demanda : « Où donc est ta fille, pour que je puisse l’examiner ? » Mais soudain la vieille se mit à se frapper le visage et la poitrine, en silence. Et le jeune marchand lui demanda : « Qu’as-tu ? » Elle répondit : « Ah ! Puissent-elles ne plus être en vie, les voisines mal intentionnées et les envieuses et les calomniatrices ! Elles viennent de te voir entrer avec moi, et m’ont demandé qui tu étais ; et moi je leur ai dit que je t’avais choisi pour époux futur à ma fille. Mais elles, jalouses de moi probablement, et enviant ma chance sur toi, sont allées trouver ma fille et lui ont dit : « Ta mère serait-elle donc si fatiguée de te nourrir qu’elle veuille ainsi te marier avec quelqu’un qui est