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les mille nuits et une nuit

portier moghrabin Abou-Ali, qui lui demanda : « Pour où, ô ma maîtresse ? » Elle répondit : « Moi je vais visiter le cheikh Multiplicateur-des-Grossesses ! » Le portier dit : « Quelle bénédiction d’Allah que cette sainte vieille, ô ma maîtresse ! Elle a à sa disposition des trésors entiers ! Elle m’a donné trois dinars d’or rouge ; et elle a deviné mon cas et connu ma situation, sans me poser aucune question ; et elle a su que j’étais dans le besoin ! Puisse le bénéfice de son jeûne de toute l’année revenir sur ma tête ! »

Là-dessus, Dalila et la jeune Khatoun s’éloignèrent, et, en chemin, la vieille rouée dit à l’épouse de l’émir Fléau-des-Rues : « Inschallah ! ô ma maîtresse, lorsque tu auras visité le cheikh Père-des-Assauts, puisse-t-il non seulement te donner le calme de l’âme et la satisfaction de tes désirs et le retour de l’affection de ton époux, mais aussi faire en sorte que jamais plus à l’avenir vous n’ayez entre vous deux des sujets de mécontentement ou d’ennui ou vous disiez des paroles désobligeantes ! » Et Khatoun répondit : « Ô ma mère, comme je désire être déjà chez ce saint cheikh ! »

Pendant ce temps, Dalila-la-Rouée se disait en elle-même : « Comment vais-je pouvoir, au milieu de la foule des passants qui vont et viennent, la dépouiller de ses bijoux et la mettre nue ? » Puis soudain elle lui dit : « Ô ma fille, marche loin derrière moi sans toutefois me perdre de vue ; car moi, ta mère, je suis une vieille femme lourdement chargée des fardeaux dont me chargent ceux qui ne peuvent plus en supporter le poids ; et tout le long du chemin