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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT TRENTE-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

Lorsque la vieille fut arrivée auprès de la jouvencelle, elle fut stupéfaite de sa beauté ; car elle était vraiment comme un trésor nu dont les sceaux talismaniques eussent été brisés pour ainsi l’exposer dans sa gloire. Et de son côté la belle Khatoun s’empressa de se jeter aux pieds de la vieille et de lui baiser les mains ; et la vieille lui dit : « Ô ma fille, je ne viens que parce que j’ai deviné que tu avais besoin de mes conseils, après l’inspiration d’Allah ! » Et Khatoun commença d’abord par lui servir à manger, selon la coutume usitée à l’égard des saints mendiants ; mais la vieille ne voulut pas toucher aux mets, et dit : « Je ne veux plus manger que les mets du paradis ; aussi je jeûne tout le temps, excepté cinq jours par an ! Mais, ô mon enfant, je te vois affligée, et je désire que tu me racontes la cause de ta tristesse ! » Elle répondit : « Ô ma mère, le jour de la pénétration, j’ai fait jurer à mon époux de ne jamais prendre une seconde femme sur moi ; mais il vit les fils des autres et il eut bien envie d’en avoir lui aussi ; et il me dit : « Tu es stérile ! » Je lui répondis : « Tu es un mulet qui n’engrosse pas ! » Alors il sortit en colère et me dit : « À mon retour de voyage, je me marierai sur toi ! » Or moi, ô ma mère, j’ai bien peur