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histoire de dalila-la-rouée…
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tion ! Il vient de lui être révélé que je suis un pauvre portier frustré de sa paye et dans un grand besoin d’argent pour les dépenses les plus pressées ; et elle a fait des conjurations pour m’obtenir ces trois dinars en les attirant du fond de l’air ! » Puis il tendit les trois dinars à la vieille et lui dit : « Prends, ma tante, les trois dinars qui sont peut-être tombés de ton aiguière ! » Elle répondit : « Éloigne-toi de moi avec cet argent-là ! Je ne suis point de ceux-là qui s’occupent des choses de ce monde, non, jamais ! Tu peux garder cet argent pour toi, et t’en élargir un peu l’existence, afin de remplacer par là les appointements que l’émir te doit ! » Alors le portier leva les bras et s’écria : « Louanges à Allah pour son assistance ! Voilà un fait du domaine de la révélation ! »

Cependant la servante s’était déjà approchée de la vieille et, après lui avoir baisé la main, s’était hâtée de la conduire auprès de sa jeune maîtresse.

Lorsque la vieille fut arrivée auprès de la jouvencelle, elle fut stupéfaite de sa beauté ; car elle était vraiment comme un trésor nu dont les sceaux talismaniques eussent été brisés pour ainsi l’exposer dans sa gloire…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.