Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
les mille nuits et une nuit

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT TRENTE-TROISIÈME NUIT

Elle dit :

« … Par la vie de ta tête, ô ma fille, je te promets de jouer dans Baghdad quelques tours de tout à fait première qualité, qui surpasseront, et de beaucoup, tous ceux joués par Ahmad-la-Teigne et Hassan-la-Peste ! » Et elle se leva à l’heure et à l’instant, se couvrit le visage du litham, s’habilla comme un pauvre soufi en revêtant un grand manteau aux manches si prodigieuses qu’elles descendaient jusqu’à ses talons, et s’entoura la taille d’une large ceinture de laine ; puis elle prit une aiguière qu’elle remplit d’eau jusqu’au col, et mit trois dinars dans l’ouverture qu’elle boucha avec un tampon en fibres de palmier ; ensuite elle s’entoura les épaules et la poitrine de plusieurs rangs de gros chapelets aux grains aussi lourds qu’une charge de fagots, et prit à la main une bannière semblable à celle que portent les soufis mendiants, faite de quelques lambeaux de chiffons rouges, jaunes et verts ; et, accoutrée de la sorte, elle sortit de sa maison en disant à haute voix : « Allah ! Allah ! », priant ainsi avec la langue, tandis que son cœur courait dans le champ de courses des démons, et que sa pensée s’appesantis-