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histoire de dalila-la-rouée…
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lui-même des leçons de ruse et de tromperie.

Donc, le jour de l’investiture d’Ahmad-la-Teigne et de Hassan-la-Peste dans les fonctions de chefs de la police, la jeune Zeinab entendit le crieur qui annonçait la chose à la population, et elle dit à sa mère : « Vois, ô mère, ce gredin d’Ahmad-la-Teigne ! Il vint jadis à Baghdad en fugitif, expulsé d’Égypte, et il n’y a point d’expédients et de hauts exploits qu’il n’ait commis ici depuis son arrivée. Et il s’est de cette façon rendu si fameux que le khalifat vient de l’investir de la charge de chef de la police de Sa Main Droite, tandis que son compère Hassan-la-Peste, ce galeux au crâne chauve comme une courge, est investi de la charge de chef de la police de Sa Main Gauche ! Et chacun d’eux a nappe servie de jour et de nuit au palais du khalifat, et une garde, et des émoluments mensuels de mille dinars, et les honneurs et toutes les prérogatives. Et nous, hélas ! nous restons dans notre maison, sans emploi et dans l’oubli, sans honneurs ni privilèges, et sans personne qui se préoccupe de notre sort ! » Et la vieille Dalila hocha la tête et dit : « Oui, par Allah ! ma fille ! » Alors Zeinab lui dit : « Lève-toi donc, ô mère, et trouve-nous quelque expédient capable de nous donner de la renommée ou quelque tour qui nous rende si fameuses et si notoires dans Baghdad, que le bruit en arrive aux oreilles du khalifat qui nous rendra les appointements et les prérogatives de notre père ! »

Lorsque Zeinab-la-Fourbe eut dit ces paroles à sa mère Dalila-la-Rouée, celle-ci lui répondit : « Par la vie de ta tête, ô ma fille…