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les mille nuits et une nuit

monies, marchaient aux côtés du khalifat, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.

Or, le jour de leur nomination à cet emploi, ils sortirent avec le wali de Baghdad, l’émir Khaled, accompagnés de leurs quarante gaillards à cheval, et précédés d’un héraut qui criait le décret du khalifat et disait : « Ô vous tous, habitants de Baghdad, par ordre du khalifat ! sachez que le chef de la police de la Main Droite n’est autre désormais qu’Ahmad-la-Teigne, et que le chef de la police de la Main Gauche n’est autre que Hassan-la-Peste ! Et vous leur devez l’obéissance et le respect en toute occasion ! »

Dans le même temps vivait à Baghdad une vieille redoutable, appelée Dalila, et connue, depuis, sous le nom de Dalila-la-Rouée, qui avait deux filles : l’une mariée et mère d’un petit garnement nommé Mahmoud-l’Avorton, et l’autre, encore célibataire, et connue depuis sous le nom de Zeinab-la-Fourbe. Le mari de la vieille Dalila avait été autrefois un grand personnage, directeur des pigeons qui servaient à porter les messages et les lettres par tout l’empire, et dont l’existence était plus chère et plus précieuse au khalifat, à cause des services qu’ils rendaient, que celle même de ses propres enfants. Aussi l’époux de Dalila avait-il honneurs et prérogatives, et des émoluments de mille dinars par mois. Mais il était mort et oublié, et avait laissé cette vieille femme et ces deux filles-là ! Et, en vérité, cette Dalila était une vieille experte en roueries, artifices, larcins, fourberies, et expédients de toutes sortes, une sorcière capable de circonvenir le serpent en l’attirant hors de son repaire, et de donner à Éblis