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les mille nuits et une nuit

cœur ! » et il le prit par la main et le conduisit à l’endroit où se trouvait le cheval d’ébène. Et le prince se mit à faire le tour du cheval, l’examina attentivement, et, l’ayant trouvé intact et en bon, état, il se réjouit fort et dit au roi : « Qu’Allah favorise et exalte le roi ! Me voici prêt à aller trouver la jeune fille, pour voir ce qu’elle peut bien avoir ! Et j’espère, avec le secours d’Allah, arriver à la guérir par ma main guérissante et par l’entremise de ce cheval de bois ! » Et il recommanda aux gardes de faire bien attention au cheval, et se dirigea avec le roi vers l’appartement de la princesse.

Dès qu’il eut pénétré dans la chambre où elle se tenait, il la vit qui se tordait les mains, et se frappait la poitrine, et se jetait et se roulait par terre, en mettant ses vêtements en lambeaux, selon son habitude. Et il vit bien que ce n’était là qu’une folie simulée et que ni genn ni hommes ne lui avaient malmené la raison, au contraire ! Et il comprit qu’elle ne faisait tout cela que dans le but d’empêcher quiconque de l’approcher !

À cette vue, Kamaralakmar s’avança vers elle et lui dit : « Ô enchanteresse des Trois Mondes, loin de toi les peines et les tourments ! » Et elle, l’ayant regardé, le reconnut aussitôt et fut dans une joie si énorme qu’elle poussa un grand cri et tomba sans connaissance. Et le roi ne douta pas que cette crise ne fût l’effet de la crainte que lui inspirait le médecin. Mais Kamaralakmar se pencha sur elle et, l’ayant ranimée, lui dit à voix basse : « Ô Schamsennahar, ô noir de mon œil, noyau de mon cœur, prends soin de ta vie et de ma vie et aie du courage