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les mille nuits et une nuit

au prince : « Ô jouvenceau, de quel pays es-tu ? » Il répondit : « Du pays de Perse, terre des Khosroès ! » À ces paroles, les geôliers éclatèrent de rire et l’un d’eux dit au jeune homme : « Ô natif du pays des Khosroès, serais-tu, toi, un aussi prodigieux menteur que ton compatriote qui est enfermé dans nos cachots ? » Et un autre dit : « En vérité, j’ai vu bien des gens et j’ai entendu leurs discours et leurs histoires, et j’ai examiné leur manière d’être, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi extravagant que ce vieux fou enfermé ! » Et un autre ajouta : « Et moi, par Allah ! je n’ai jamais rien vu d’aussi hideux que sa figure ou d’aussi laid et dégoûtant que sa physionomie ! » Le prince demanda : « Et qu’avez-vous vu de ses mensonges ? » Ils répondirent : « Il prétend être un savant et illustre médecin ! Or le roi l’avait trouvé, dans une partie de chasse, en compagnie d’une jeune fille et d’un cheval merveilleux en ébène et en ivoire. Et le roi s’éprit à l’extrême de la beauté de la jeune fille, et voulut se marier avec elle ; mais elle devint subitement folle ! Si donc ce vieux savant était, comme il le prétend, un illustre médecin, il aurait trouvé le moyen de la guérir ; car le roi a fait tout le possible pour découvrir un remède qui pût guérir la maladie de cette jeune fille, et voilà déjà un an qu’il dépense pour ce cas d’immenses richesses en frais de médecins et d’astrologues, mais sans résultat ! Quant au cheval d’ébène, il est enfermé dans les trésors du roi ; et le vieux laid est ici, en prison ; et il ne cesse de gémir et de se lamenter toute la nuit, tellement qu’il nous empêche de dormir ! »