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les mille nuits et une nuit

ce jeune fou. Je suis, en outre, généreux et puissant et riche ; mes serviteurs et mes esclaves t’obéiront comme à leur maîtresse ; je te vêtirai des plus belles robes et t’ornerai des plus beaux ornements ; et je réaliserai le moindre de tes désirs avant même qu’il ne soit exprimé ! »

Eh entendant ces paroles, la jeune fille se frappa le visage et se mit à sangloter ; puis elle dit : « Ah ! mon malheur ! Ah ! Hélas ! Je viens de perdre mon bien-aimé ; et j’ai perdu mon père et ma mère ! » Et elle continua à verser des larmes bien amères et bien abondantes sur ce qui lui arrivait, tandis que le magicien dirigeait le vol de son cheval vers le pays des Roums, et, après un long mais rapide voyage, descendait atterrir sur une verte prairie abondante en arbres et en eaux courantes.

Or, cette prairie était située près d’une cité où régnait un roi très puissant. Et justement ce jour-là le roi sortit respirer l’air hors de la ville, et dirigea sa promenade du côté de cette prairie. Et il aperçut le savant qui se tenait à côté du cheval et de la jeune fille. Aussi, avant que le magicien eût le temps de se garer, les esclaves du roi s’étaient déjà précipités sur lui et l’avaient enlevé lui, la jeune fille et le cheval, et les avaient tous amenés entre les mains du roi.

Lorsque le roi vit la laideur dégoûtante du vieux et son horrible physionomie, et la beauté de la jeune fille et ses charmes ravissants, il dit : « Ô ma maîtresse, quelle parenté t’unit donc à ce très vieil homme-là qui est si hideux ? » Mais ce fut le Persan qui se hâta de répondre : « Elle est mon épouse et la fille de mon oncle ! » Alors la jeune fille, à son tour,