Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire magique du cheval d’ébène
111

alors qu’elle levait lentement les yeux vers lui, et, le trouvant extraordinairement horrible et hideux, se hâtait de les refermer pour éviter sa vue, et lui demandait : « Qui donc es-tu ? » Il répondit : « Ô ma maîtresse, je suis le messager envoyé vers toi par le prince Kamaralakmar, afin de te conduire à un autre pavillon, plus beau que celui-ci et plus proche de la ville ; car ma maîtresse, la reine, mère du prince, est aujourd’hui un peu indisposée et, comme elle ne veut pas tout de même, à cause de sa joie de ton arrivée, être devancée auprès de toi par personne, elle souhaite ce changement qui la dispensera d’une course trop prolongée. » Elle demanda : « Mais où est le prince ? » Le Persan répondit : « Il est en ville, avec le roi, et va bientôt arriver à ta rencontre en grand apparat, au milieu d’un cortège splendide ! » Elle dit : « Et toi ! dis-moi, est-ce que le prince n’aurait pas pu trouver quelque autre messager un peu moins hideux, pour me l’envoyer ? » À ces paroles, le magicien, bien que fort mortifié, se mit à rire dans le tablier ratatiné de sa figure jaune, et répondit : « Oui, certes, par Allah ! ô ma maîtresse, il n’y a point au palais de mamelouk aussi hideux que moi ! Seulement que la mauvaise apparence de ma physionomie et l’abominable laideur de ma figure ne t’induisent pas en erreur sur ma valeur ! Et puisses-tu un jour éprouver mes capacités et mettre à profit, comme le prince, les dons précieux que je possède. Et alors tu me loueras, tel que je suis ! Quant au prince, s’il m’a choisi, moi, pour me dépêcher vers toi, il l’a fait justement à cause de ma laideur et de ma dégoûtante physionomie ; et cela pour n’avoir