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histoire magique du cheval d’ébène
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contre de la princesse Scharasennahar, en traversant tous les quartiers de la ville au milieu de tous les habitants massés sur plusieurs rangs, précédé de joueurs de fifre, de clarinette, de timbale et de tambour et suivi de la foule immense des gardes, des soldats, des gens du peuple, des femmes et des enfants.

De son côté le prince Kamaralakmar ouvrit ses coffres, ses cassettes et ses trésors, et en tira ce qu’il y avait de plus beau en joyaux, bijouteries et autres choses merveilleuses dont se parent les fils des rois afin de déployer leur faste, leurs richesses et leur splendeur ; et il fit préparer pour la jeune fille un immense baldaquin en brocarts rouges, verts et jaunes, au milieu duquel étant dressé un trône d’or étincelant de pierreries ; et il fit ranger sur les degrés de cet immense baldaquin, surmonté d’un dôme en soies dorées, de jeunes esclaves indiennes, grecques et abyssines, les unes assises et les autres debout, tandis qu’autour du trône se tenaient quatre autres esclaves blanches avec de grands éventails en plumes d’oiseaux d’une espèce extraordinaire. Et des nègres nus jusqu’à la ceinture portèrent le baldaquin sur leurs épaules ou suivirent le cortège, entourés d’une population encore plus dense et, au milieu des cris de joie de tout un peuple et des lu-lu perçants jetés par les gosiers des femmes assises dans le baldaquin et de toutes celles qui se pressaient à l’entour, prirent la route des jardins.

Quant à Kamaralakmar, il ne put se résoudre à accompagner le cortège au pas, et, lançant son cheval à une allure de course, il prit par le chemin le