Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
les mille nuits et une nuit

père de notre arrivée. En attendant, je te charge de veiller sur le cheval d’ébène que je laisse à la porte, et de ne pas le perdre de vue. Et moi je t’enverrai bientôt un messager pour t’emmener d’ici et te conduire au palais spécial que je vais faire préparer pour toi seule ! » Et la jeune fille, en entendant ces paroles, fut charmée à l’extrême et comprit qu’en effet elle ne devait entrer en ville qu’avec les honneurs et les hommages dus à son rang ! Puis le prince prit congé d’elle et se dirigea vers le palais du roi son père.

Lorsque le roi Sabour vit arriver son fils, il faillit mourir de joie et d’émotion et, après les embrassades et les souhaits de bienvenue, lui reprocha, en pleurant, son départ qui les avait tous mis aux portes du tombeau. Après quoi, Kamaralakmar lui dit : « Devine un peu qui j’ai amené de là-bas avec moi ? » Il répondit : « Par Allah ! je ne devine pas ! » Il dit : « La fille même du roi de Sana, l’adolescente la plus accomplie de la Perse et de l’Arabie ! Je l’ai laissée pour le moment hors de la ville, dans notre jardin, et je viens te prévenir que tu peux faire préparer de suite le cortège qui doit aller la chercher et qui devra être assez splendide pour lui donner dès l’abord une haute idée de ta puissance, de ta grandeur et de tes richesses ! » Et le roi répondit : « Avec joie et générosité, pour ton plaisir ! » Et aussitôt il donna l’ordre de décorer la ville et de l’orner avec les plus belles décorations et les plus beaux ornements ; et lui-même, après avoir constitué un cortège extraordinaire, se mit à la tête de ses cavaliers chamarrés, toutes bannières éployées, et sortit à la ren-