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histoire magique du cheval d’ébène
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à terre sur la terrasse du palais, descendit l’escalier sans faire de bruit, et se dirigea vers l’appartement de la princesse. Il trouva l’eunuque endormi, selon son habitude, en travers de la porte ; il l’enjamba et, pénétrant à l’intérieur de l’appartement, il arriva à la seconde porte. Il s’approcha alors tout doucement de la portière et, avant de la soulever, écouta attentivement. Et voici ! Il entendit sa bien-aimée qui sanglotait amèrement et récitait des vers plaintifs, tandis que ses femmes essayaient de la consoler, et lui disaient : « Ô notre maîtresse…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT VINGT-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

« … Ô notre maîtresse, pourquoi pleures-tu quelqu’un qui certainement ne doit point te pleurer ? » Elle répondit : « Que dites-vous, ô dénuées de jugement ? Croyez-vous donc que le charmant que j’aime et que je pleure soit de ceux-là qui oublient ou que l’on peut oublier ? » Et elle redoubla de pleurs et de gémissements, et si fort et si longtemps qu’elle en eut un évanouissement. Alors le prince sentit son cœur s’émietter pour elle et son ampoule à fiel éclater dans son foie. Aussi, sans plus tarder, il souleva la