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histoire magique du cheval d’ébène
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à la lui donner en mariage. Aussi le savant enragea-t-il de cela à la limite de la rage, et se repentit-il fort de l’imprudence qu’il avait commise en laissant le jeune prince monter sur le cheval ; car il comprit que le secret du cheval avait été découvert, ainsi que la façon de le manœuvrer !

Quant au roi, qui n’était pas encore bien tranquille au sujet du cheval, il dit à son fils : « Je suis d’avis, mon fils, que tu ne t’approches plus désormais de ce cheval de malheur et surtout que tu ne le montes jamais plus, car tu es loin de connaître ce qu’il peut encore contenir de choses mystérieuses, et tu n’es pas en sûreté là-dessus ! »

De son côté Kamaralakmar raconta à son père son aventure avec le roi de Sana et sa fille, et comment il avait échappé au ressentiment de ce roi ; et son père répondit : « Mon fils, si le roi de Sana devait te tuer, il t’aurait tué ; mais ton heure n’était pas encore fixée par le destin ! »

Pendant ce temps Kamaralakmar, malgré toutes les réjouissances et les festins que son père continuait à donner pour son retour, était loin d’oublier la princesse Schamsennahar et, en mangeant et en buvant, il pensait toujours à elle. Or un jour le roi, qui avait des esclaves fort expertes dans l’art du chant et le jeu du luth, leur ordonna de faire résonner les cordes des instruments et de chanter quelques beaux vers. Et l’une d’elles prit son luth et, l’appuyant sur ses genoux comme une mère met son enfant dans son sein, elle chanta, en s’accompagnant, ces vers entre autres vers :