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histoire magique du cheval d’ébène
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Mais pour ce qui est du prince Kamaralakmar, voici ! Lorsqu’il se fut élevé si haut dans les airs, il fit tourner la tête à son cheval du côté de sa terre natale, et, une fois dans la bonne direction, il se mit à rêver à la beauté de la princesse et à ses charmes, et aux moyens à employer pour la retrouver. Et la chose lui semblait bien difficile, bien qu’il eût eu soin de s’informer auprès d’elle du nom de la ville de son père. Il avait appris de la sorte que cette ville s’appelait Sana, et était la ville capitale du royaume d’Al-Yaman.

Durant toute la route il continua à songer à tout cela, et finit, grâce à la grande rapidité d’allure de son cheval, par arriver à la ville de son père. Alors il fit exécuter à son cheval un circuit aérien au-dessus de la cité, et alla mettre pied à terre sur la terrasse du palais. Il laissa alors son cheval sur la terrasse et descendit au palais où, voyant partout un air de deuil et toutes les chambres jonchées de cendres, il pensa qu’un membre de sa famille était mort, et, selon sa coutume, il pénétra dans l’appartement privé, et trouva son père, sa mère et ses sœurs vêtus d’habits de deuil, et bien jaunes de figure et bien amaigris et bien changés et tristes et défaits. Et voici qu’à son entrée son père se leva soudain en l’apercevant et, ayant acquis la certitude que c’était là vraiment son fils, il poussa un grand cri et tomba évanoui ; puis il reprit ses sens, et se jeta dans les bras de son fils et l’embrassa et le serra contre sa poitrine avec les transports de la joie la plus folle, et ému à la limite de l’émotion ; et sa mère et sa sœur, pleurant et sanglotant, le dévoraient de bai-