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les mille nuits et une nuit

alla s’asseoir sur le trône du milieu, pour mieux jouir du spectacle merveilleux du lac et de la montagne.

À peine le jeune Hassib était-il assis sur le trône d’or, qu’il entendit des sons de cymbales et de gongs, et soudain il vit s’avancer, de derrière les flancs de la colline d’émeraude, et se déployer vers le lac, une file de personnes qui glissaient plutôt qu’elles ne marchaient ; et il ne sut distinguer leurs formes à cause de l’éloignement. Lorsqu’elles furent plus près, il vit que c’étaient des femmes à la beauté ravissante mais dont toute la moitié inférieure se terminait en un corps allongé et rampant comme celui des serpents. Leur voix était fort agréable, et elles chantaient en grec les louanges d’une reine qu’il ne voyait pas. Mais bientôt apparut de derrière la colline un carré formé par quatre femmes serpentines qui portaient, sur leurs bras élevés au-dessus de leur tête, un grand bassin d’or où se trouvait, souriante et pleine de grâce, la reine. Les quatre femmes s’avancèrent jusqu’au trône d’or, d’où Hassib s’était hâté de s’éloigner, y déposèrent leur reine, arrangèrent les plis de ses voiles, et se placèrent derrière elle, tandis que toutes les autres femmes serpentines avaient glissé chacune vers un des sièges précieux disposés autour du lac. Alors la reine, d’une voix au timbre charmant, dit quelques mots en grec à celles qui l’entouraient ; et aussitôt un signal fut donné avec les cymbales, et toutes les femmes serpentines entonnèrent un hymne grec en l’honneur de la reine, et s’assirent sur les sièges.

Lorsqu’elles eurent fini leur chant, la reine, qui