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histoire d’ibn al-mansour
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sèrent dans le ravissement, leurs bouches unies en silence.

Lorsqu’ils sortirent de cette extase, Sett Badr resta debout en refusant de s’asseoir, malgré les instances de son ami. Cela m’étonna beaucoup et je lui en demandai la raison. Elle me dit : « Je m’assiérai seulement lorsque notre pacte sera exécuté ! » Je dis : « Quel pacte, ô ma maîtresse ? » Elle dit : « C’est un pacte qui ne regarde que les amoureux ! » Et elle se pencha vers l’oreille de son ami et lui parla à voix basse. Il répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et il appela un de ses esclaves auquel il donna un ordre ; et l’esclave disparut.

Quelques instants après, je vis entrer le kâdi et les témoins qui dressèrent le contrat de mariage des deux amants, et s’en allèrent ensuite avec un cadeau de mille dinars que leur donna Sett Badr. Je voulus également me retirer, mais l’émir n’y consentit pas, me disant : « Il ne sera pas dit que tu auras seulement pris parte nos tristesses, sans partager notre joie ! » Et ils m’invitèrent à un festin qui dura jusqu’à l’aurore. Alors ils me laissèrent me retirer dans la chambre qu’ils m’avaient fait réserver.

Le matin, à mon réveil, un petit esclave entra dans ma chambre porteur d’une cuvette et d’une aiguière, et moi je fis mes ablutions et ma prière du matin. Après quoi j’allai m’asseoir dans la salle de réception où bientôt je vis arriver, sortant encore frais du hammam, après leurs amours, les deux époux. Je leur souhaitai une matinée heureuse et leur adressai mes compliments de bonheur et mes félicita-