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les mille nuits et une nuit

pelait Ali ben-Môhammad, et était le syndic respecté de tous les bijoutiers de Bassra ! Il y a des années que je l’ai perdu de vue, et je pense qu’il est maintenant dans la miséricorde d’Allah ! Permets-moi donc, ô ma maîtresse, de te demander s’il a laissé de la postérité ? »

À ces paroles, les yeux de l’adolescente se mouillèrent de larmes, et elle dit : « Que la paix et les grâces d’Allah soient sur le syndic Ali ben-Môhammad ! Sache, ô cheikh, puisque tu as été son ami, que le défunt syndic a laissé une fille nommée Badr, comme seule descendance. Et c’est elle qui est l’unique héritière de ses biens et de ses immenses richesses ! » Moi je m’écriai : « Par Allah ! la fille bénie de mon ami ne peut être que toi-même, ô ma maîtresse ! » Elle sourit et répondit : « Par Allah ! tu l’as deviné ! » Je dis : « Qu’Allah accumule sur toi ses bénédictions, ô fille d’Ali ben-Môhammad ! Mais, autant que j’en puis juger à travers la soie qui te voile le visage, ô lune, il me semble que tes traits sont empreints d’une grande tristesse ! Ne crains pas de m’en révéler la cause ; car peut-être qu’Allah m’envoie pour que j’essaie de porter remède à cette douleur qui altère ta beauté ! » Elle répondit : « Mais comment puis-je te parler de ces choses intimes, puisque tu ne m’as encore dit ni ton nom ni ta qualité ! » Je m’inclinai et répondis : « Je suis ton esclave Ibn Al-Mansour, de Damas, un de ceux que notre maître le khalifat Haroun Al-Rachid honore de son amitié et a choisis comme ses compagnons intimes ! »

À peine eus-je prononcé ces paroles, ô émir des Croyants, que Sett Badr me dit : « Sois le bienvenu