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les mille nuits et une nuit

l’on a vues sont de beaucoup préférables à celles qu’on a seulement entendu raconter ! » Il dit : « Alors, ô émir des Croyants, donne-moi toute ton ouïe et une attention sympathique ! » Le khalifat répondit : « Ya Ibn Al-Mansour, me voici prêt à t’écouter de mon oreille, à te voir de mon œil et à te donner une attention d’un cœur sympathique ! » Alors Ibn Al-Mansour dit :


« Sache, ô émir des Croyants, que chaque année j’allais à Bassra passer quelques jours auprès de l’émir Môhammad Al-Haschami, ton lieutenant dans cette ville. Une année, j’allai donc à Bassra, selon mon habitude, et, en arrivant au palais, je vis l’émir qui était sur le point de monter à cheval pour aller à la chasse à courre. Lorsqu’il me vit, il ne manqua pas, après les salams de bienvenue, de m’inviter à l’accompagner ; mais je lui dis : « Excuse-moi, seigneur ; car vraiment la vue seule d’un cheval m’arrête la digestion, et c’est tout au plus si je sais me tenir à âne. Je ne puis aller à la chasse à courre à dos d’âne ! » L’émir Môhammad m’excusa, mit à ma disposition tout le palais et chargea ses officiers de me servir avec tous les égards, et de ne me laisser manquer de rien durant tout mon séjour. Et c’est ce qu’ils firent.

Lorsqu’il fut parti, moi je me dis : « Par Allah ! Ya Ibn Al-Mansour, voici des années et des années que tu viens régulièrement de Baghdad à Bassra, et jusqu’aujourd’hui tu t’es contenté, pour toutes promenades en ville, d’aller du palais au jardin et du