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les mille nuits et une nuit

mon âme ne souhaite point voir ces choses, cette nuit ! » Il reprit : « Mon seigneur, tu as dans ton palais trois cents secrètes ; et chaque secrète a, pour elle seule, un pavillon. J’irai les prévenir toutes d’être prêtes ; et alors toi tu viendras derrière les rideaux de chaque pavillon et tu admireras chacune d’elles dans sa simple nudité, d’autant mieux que tu ne trahiras pas ta présence ! » Le khalifat dit : « Massrour, ce palais est mon palais, et ces jeunes femmes sont ma propriété ; mais mon âme, ce soir, ne souhaite rien de tout cela ! » Il reprit : « Mon seigneur, ordonne et je ferai s’assembler entre tes mains les savants, les sages et les poètes de Baghdad. Les sages te diront de belles sentences ; les savants te mettront au courant de leurs découvertes dans les annales ; et les poètes te charmeront l’esprit de leurs rythmes en vers ! » Le khalifat répondit : « Massrour, mon âme ne souhaite rien de tout cela, ce soir ! » Il reprit : « Mon seigneur, dans ton palais il y a de charmants échansons et de délicieux jeunes gens agréables à voir. Je vais, si tu me l’ordonnes, les faire venir pour qu’ils te tiennent compagnie ! » Le khalifat répondit : « Massrour, mon âme ne souhaite rien de tout cela, ce soir ! » Massrour dit : « Mon seigneur, alors coupe-moi la tête ! Ce sera peut-être le seul moyen de dissiper ton ennui…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.